Alizée Séry, la Réunionnaise désormais connue pour avoir fait le buzz sur internet avec sa vidéo sexy de strip-tease au sommet d’Ayers Rock, en Australie, nous dit tout sur la polémique qu’elle a suscitée en escaladant la montagne sacrée des Aborigènes. Pour elle, il s’agit d’un malentendu qui n’aurait pas dû aller si loin.
Depuis quand vivez-vous en Australie ?
Je suis arrivée en 2004, à l’âge de 19 ans, grâce aux aides de l’ANT et du conseil général de la Réunion. J’ai étudié trois ans à Perth en section “cinéma et télévision” et j’ai obtenu mon diplôme. Mes parents m’ont soutenue financièrement pendant toute ma scolarité et en 2008, j’ai décidé qu’il était temps de me débrouiller toute seule. J’ai donc décidé de rester en Australie et de visiter cet immense pays. J’ai pris un working/holiday visa et j’ai travaillé et voyagé. J’ai été serveuse, barmaid, cowgirl, cueilleuse de fraises, joueuse de harpe en mariage et soirée, danseuse en boîte de nuit. J’ai aussi fait de la maintenance de champs de bananes, du marketing, de la construction, du carrelage… La vraie démerde quoi ! Entre-temps, j’ai rencontré mon chéri australien et nous sommes très heureux. Nous vivons un peu comme des gitans. Nous habitons dans une caravane et nous voyageons dans toute l’Australie.
Comment vous est venue cette idée de strip-tease ?
Comme je suis passionnée de cinéma, j’ai eu l’idée de faire un documentaire sur notre voyage et nos péripéties en Australie avec ma caméra vidéo. Le documentaire s’appelle : “Documentary with a sexy twist” - ndlr, en français : “Documentaire avec une tournure sexy “-. Donc, en gros, tout au long du voyage, je suis naturelle, décontractée et fidèle à moi-même. S’il fait chaud, je ne vais pas mettre beaucoup de vêtements. Et s’il y a du soleil, j’aime bronzer sans marques de bronzage. Et si je suis heureuse, je vais danser et chanter. C’est ce que je suis. C’est un style de documentaire différent mais pourquoi pas, innovons !
Quel était votre but lorsque vous avez réalisé ce strip-tease ?
Pouvez-vous nous expliquer votre démarche artistique ? J’ai fait le strip-tease en mars dernier, il y a presque six mois maintenant. J’entends tout le monde dire : “Tout a déjà été fait”. Mais moi, je n’y crois pas. Et sincèrement, je ne pense pas que quelqu’un ait déjà fait un strip-tease au sommet de l’Ayers Rock [Uluru pour les Aborigènes] ! Alors, ça m’a motivée. Je voulais monter au sommet et faire le premier strip-tease au sommet de Uluru, tout simplement.
Comment cela s’est-il passé ?
Il n’est pas interdit de monter au sommet et il n’y a pas de mode de conduite à adopter, si ce n’est : “Respecter le rocher”. Je peux vous dire que la montée était sacrément dure. Heureusement que j’ai un bon niveau sportif, grâce à mes parents qui m’ont emmenée crapahuter partout sur les sentiers réunionnais depuis l’âge de 5 ans. Au sommet de l’Uluru, j’ai gardé tous mes détritus dans mon sac. Je n’ai ni pollué, ni fait de désordre. On s’est mis un peu à l’écart, là où on ne dérangerait personne. J’ai fait ma petite danse comme convenu. Et puis voilà. Tout est sain et sauf. Un peu de sport, un peu d’amusement, la vie est belle ! Et après, à moitié nue sous le soleil australien, je me suis sentie très bien, en harmonie complète avec la nature et avec moi-même. Il faut y être pour comprendre, mais l’Uluru est vraiment magique. Ça, je pouvais le ressentir.
Comprenez-vous que cet acte ait choqué les Aborigènes qui considèrent cette montagne comme sacrée ?
Les Aborigènes, en Australie, c’est une affaire politique. Mon histoire est connue parce que j’en ai parlé mais, sincèrement, elle ne vaut pas la peine d’en faire une montagne ! La politique je ne m’en mêle plus. C’est une affaire d’hypocrites. Moi je profite de la vie sainement. Les Australiens se gardent bien de dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Car si on y regarde de près : combien d’argent de l’État va aux Aborigènes ? Et que font-ils avec ? L’Uluru est sacré pour la tribu locale de cette zone. Mais pas pour tous les Aborigènes d’Australie. Si c’est un vrai problème, alors il faut fermer la montée au sommet et plus personne ne montera. Ce que j’ai fait n’est qu’un peu d’amusement bien innocent. Comment cela s’est-il terminé ? Avez-vous dû formuler des excuses publiques ? Avez-vous été condamnée à une peine, une amende ? Eh bien, les journaux se sont très bien vendus, les sites internet ont été très visités. La société de consommation continue de s’enrichir et le peuple continue d’acheter… Mais moi, je n’ai pas gagné d’argent du tout avec cette histoire. Il n’y a pas eu d’excuses publiques car on ne s’excuse pas quand on n’a rien fait de mal. Il n’y a eu aucune condamnation, ni amende, rien. Comme je l’ai dit, je n’ai rien fait d’illégal.
Cet acte vous a permis d’acquérir une notoriété rapide, qu’allez-vous en faire ?
Waoou ! Si ma plus mauvaise performance, parce que je danse bien mieux que ça en réalité, m’apporte une telle notoriété… Alors ça veut dire que la majorité des consommateurs se contentent de peu. C’est une grosse blague qui a été prise très sérieusement. Mais dans le fond, à chaque fois que je regarde la vidéo, je me marre. Il y a deux choses qui font vendre les journaux et toute la pub qui va avec : c’est le sexe et les scandales. Alors une jolie petite brune qui fait un strip-tease sur un rocher sacré… C’est une combinaison atomique dans le monde des médias pour faire vendre les journaux. Et la société de consommation continue de s’enrichir et le peuple continue d’acheter… C’est un harmonieux cercle vicieux, n’est-ce pas ? Manifestement, la médiocrité touche une grosse partie de la population mondiale. Donc je vais me servir de cette stupidité pour me faire de l’argent. Mais ça, tous ceux qui l’ont compris le font déjà. C’est pour cela que la société de consommation fonctionne si bien. Je continuerai à faire de l’art pour mon bien-être et des projets très stupides pour gagner de l’argent.
Quel message souhaitez-vous passer aux Réunionnais qui n’ont peut-être pas compris votre démarche ?
Éteignez votre télévision, arrêtez vos commérages, allez faire du sport et appréciez la vie ! Je n’ai pas gagné d’argent avec cette histoire. Les journaux se sont bien vendus mais moi je n’ai rien gagné. Je vis simplement. Je respecte la culture aborigène. Je pense qu’il y a eu un malentendu et il est dommage que tout cela ait été mêlé à la politique. La vie est belle et il y a des sujets bien plus sérieux que celui-là qui devraient gagner de l’attention.