Le Piton de la Fournaise en éruption

Le Piton de la Fournaise est entré en éruption hier soir, à l’heure du journal télévisé. La lave a jailli au pied du cône terminal du volcan, loin du Pas de Bellecombe et surtout du sommet, pour la première fois depuis l’éruption d’avril 2007.

La préfecture a déclenché l’alerte 2-2 du plan volcan hier soir à 20 h. Comprenez que la deuxième éruption de l’année du Piton de la Fournaise se déroule dans l’enclos, sans constituer de menace directe pour les personnes et les biens. Hier dans la soirée, la lave sortait d’une fissure dont la longueur était estimée à 150 m par des témoins oculaires postés au Piton de Bert, sur le rempart de l’enclos, qui décrivaient deux fontaines de lave atteignant une hauteur maximale de 20 à 30 mètres. La coulée dévalait sur une longueur de quelques centaines de mètres. C’est la première fois depuis l’éruption d’avril 2007, et l’effondrement du cratère Dolomieu, qui a profondément affecté le fonctionnement du volcan, qu’une éruption se déroule aussi loin du sommet. Celles de 2008, 2009 et janvier 2010 pour la plus récente s’étaient déroulées à l’intérieur du cratère ou à proximité immédiate du sommet, à environ 2500 mètres d’altitude. L’éruption d’hier est localisée vers 2000 mètres d’altitude, au pied du cône terminal volcan, loin du sommet donc. La vigilance volcanique avait été activée par la préfecture dès le 6 septembre, l’observatoire enregistrant des signes de réveil du Piton de la Fournaise depuis le 14 août. Au fil des semaines, l’activité sismique avait cru progressivement, certains événements étant ressentis au gîte tout proche de l’enclos. L’alerte 1 (“éruption probable ou imminente”) avait même été déclenchée une première fois le 24 septembre mais le volcan s’était un peu assagi, permettant la réouverture du site au public dès le lendemain.

PLUSIEURS HEURES DE CRISE SISMIQUE

Par la suite, l’activité sismique avait cru à nouveau. Lundi dernier, une activité sismique plus soutenue, accompagnée d’éboulements dans les parois du cratère Dolomieu, a entraîné un nouveau passage en alerte 1, alors que de nombreux randonneurs se trouvaient dans l’enclos. Depuis, il était fermé au public. Mercredi, l’observatoire volcanologique avait enregistré 98 séismes. La situation s’est accélérée hier, avec une crise sismique qui a débuté vers 13 h 30. Un gros séisme, vers 14 h 50, a déclenché de nombreux éboulements dans le cratère Dolomieu, dont le panache de poussière a été visible depuis le Pas de Bellecombe. A travers leur réseau de surveillance, les scientifiques ont “vu” le magma monter dans l’édifice volcanique, sous le sommet. Mais, peu après 16 h, le magma a peu à peu “bifurqué” par rapport à sa voie initiale, avec des centaines de séismes, se déportant en biais vers la surface, qu’il a atteinte vers 19 h seulement, bien au sud-sud-est du sommet, dans le secteur du cratère Château-Fort. Un trémor, la vibration caractéristique du sol associée à l’écoulement des gaz dans une cheminée volcanique, a été enregistré dès 19 h 10 par l’observatoire volcanologique. Mais un témoin oculaire a vu jaillir le magma à 19 h 30 seulement. Le niveau de l’activité, tard dans la soirée, était qualifié de stable. Des visiteurs présents au piton de Bert, sur le bord de l’enclos indiquaient recevoir une pluie de cheveux de Pélé accompagnée d’une odeur de végétation brûlée qui pourrait être les lichens qui couvrent les coulées de lave anciennes. Une reconnaissance est prévue ce matin par l’observatoire volcanologique.