Les surfeurs remontés contre les travaux

Les travaux d’aménagement du spot de Trois-Bassins ont débuté, suscitant le mécontentent des usagers du site, qui pestent contre la perte de parkings et les atteintes sur le milieu naturel.

À défaut de surfeurs, on a vu des tractopelles à l’œuvre hier matin sur le spot de Trois-Bassins. Le vent et la houle ont chassé les planches. Mais pas les engins de chantier qui ont envahi le site depuis dix jours. Annoncé pour le mois de mars, l’aménagement de la pointe littorale a enfin démarré, dans le cadre d’une convention entre le TCO (maître d’ouvrage) et le conservatoire du littoral (propriétaire foncier). De quoi mettre en rogne les usagers, notamment les surfeurs, qui voient d’un très mauvais œil les travaux prévus : refonte d’un parking de 70 places, création d’un belvédère et de gradins naturels, aménagement d’un box de toilettes sèches, confortement des sentiers piétons, avec accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.

“JE PRÉDIS UN MORT D’ICI L’ÉTÉ PROCHAIN”

Sur le papier, ces aménagements sont pourtant censés améliorer le confort d’un site très fréquenté : 100 à 200 personnes tous les jours, entre les surfeurs, les écoles, et les voisins naturistes de la Souris-Chaude. Les aménageurs ont multiplié les réunions d’information. Sans parvenir à convaincre les usagers. “On nous a mis sur le fait accompli, on n’a eu que des informations floues, il n’y a jamais eu de concertation”, déplore Pascal Coret, président de l’association Dodo Surf Club. Les habitués du site déplorent avant tout la réduction de l’aire de parking. “En tant qu’utilisateur, il ne nous restera que trente places. Nettement insuffisant, témoigne Yann Delmas. C’est dramatique, on va obliger les gens à se garer le long de l’ancienne nationale. Vous imaginez avec le monde qu’il y a le week-end. Je prédis un mort d’ici l’été prochain”. Très remonté, le président de l’association pour la protection du littoral redoute que ce chambardement provoque des conflits entre les usagers. “Il commençait à y avoir une harmonie entre les pratiquants individuels et les écoles. Ça ne va pas tenir. Qu’est ce qu’ils cherchent ces aménageurs : diviser pour régner” ? Autre grief soulevé, les atteintes sur le milieu naturel : “On voit apparaître des murets. On va bétonner ce site sauvage, regrette Pascal Coret. Les surfeurs ont toujours bien entretenu ce lieu. Là, on cherche à le dégrader”. Le TCO ne l’entend évidemment pas de cette oreille. Et rappelle que ces travaux n’ont qu’un but : améliorer l’accessibilité du site, le mettre en valeur. Depuis le début des travaux, le spot n’a pas connu de grosse affluence en raison des mauvaises conditions. Mais dès la première belle session, il risque d’y avoir embouteillages, car l’accès à l’aire de stationnement n’est plus possible. “Dimanche dernier, il n’y avait pas grand-monde, mais le parking était déjà plein”, note Yann Delmas. Les services du TCO relativisent ce désagrément : “Les travaux seront terminés le 10 septembre. Entre-temps, c’est la période fraîche, les gens partent en vacances, il y aura moins d’affluence qu’en été”.

VERS UN GRAND MENAGE ?

À terme, faute de places, Pascal Coret et Yann Delmas craignent une désaffection du site. À voir. Certains rêvent en tous cas d’un grand ménage. On pense à ces surfeurs de la première heure, qui regrettent le temps où ils n’étaient qu’une dizaine à l’eau. On pense aussi au maire de Trois-Bassins, qui n’a jamais caché son aversion pour les naturistes de la Souris-Chaude et qui espère que ces aménagements draineront un public plus familial sur la pointe littoral de la commune.